Salut mes p’tit Sérifs* !
Vous lisez le numéro 6 des Groovy Letters (+ déjà 4 numéros bonus envoyés aux abonnés payants qui ont en plus reçu des cartes postales et des surprises dans leurs véritables boîtes aux lettres !) et je suis vraiment heureuse de pouvoir m’adresser à vous !
Ici on parle de lettrage, de créativité, de bon son et de joie, alors c’est parti !
Larousse nous dit que la vacuité c’est “l’état de ce qui est vide”. Et franchement, après la folle année (scolaire) qui vient de passer, ça définit plutôt parfaitement mon état.
Mais est-ce pour autant un désastre ?
Non ! Bien sûr que non, à condition de savoir le repérer et de s’en réjouir.
C’est finalement le plus difficile : comment reconnaître les indices qui nous hurlent à l’oreille ? C’est pourtant rarement discret ces choses là, ça gueule parce que ça sait qu’on va tout faire pour ne pas y accorder la moindre attention.
Si c’est aussi difficile, c’est précisément parce qu’on est emporté par le flot incessant de choses à faire, de trucs urgents, de galères à gérer, d’idées à trouver, de projets à mener… bref, par la vie et ses obligations. On a déjà l’esprit parfaitement encombré, le bruit est permanent, alors quand le calme revient temporairement (le soir par exemple), on n’est pas du tout dans les dispositions idéales pour entendre : “Tu sais quoi ? Tu devrais ralentir, on dirait bien que t’en fais trop là !”, parce que ralentir, ça paraît tout simplement impossible.
On finit tout de même par recevoir le message parce qu’un jour, alors qu’on se sent en pleine possessions de ses moyens, bien que particulièrement épuisé, tout s’arrête.
On a soudainement plus envie (à notre grande surprise !).
Fini, terminé, plié. Le grand vide.
😱 Pas de panique !
Avec le temps vient l’expérience. Fut une époque où je paniquais quand j’arrivais à cet état de vide, parce que je me disais que c’en était fini de mon esprit créatif et même de mon esprit tout court (oui, je l’ai déjà dit ici, quand je panique, je me transforme en drama queen, haha !).
La force de la maturité (ouais, rien que ça) m’a plutôt montré qu’en vrai, quand t’en arrives à l’état de vide, il faut l’accueillir et l’accepter.
Je vous avoue que ça m’arrange quand le grand vide se pointe à un moment adéquat, hein, parce que quand c’est en plein rush, c’est la véritable panique. Mais les choses sont plutôt bien faites : dans le feu de l’action, tout tient par magie. Ça ne s’écroule en principe que dans un moment de relâchement.
Mais alors, que faire quand on en est là ? (me demanderez-vous, les ongles rongés et les yeux cernés d’angoisse ?)
Alors… je ne garantis pas que la réponse vous plaise, mais hélas c’est la seule qui vaille.
Voilà ce qu’il faut faire en un mot : rien.
Et en plusieurs mots sophistiqués parce que c’est plus joli et moins culpabilisant : embrasser sa vacuité.
Imaginons un apéritif en terrasse, alors qu’il fait chaud et qu’on se retrouve entre copains :
“ Tu fais quoi, toi, en ce moment ?
- Bah moi, tu sais, je travaille à un projet important.
- Ah oui ? Ben raconte !
- Ecoute, je ne voudrais pas trop en révéler parce que c’est en cours, là… mais disons que j’embrasse ma vacuité.
- Ohlaaaaa, ça a l’air sérieux cette affaire ! Tu m’en diras plus quand tu pourras alors ! Nous, on va partir en road trip en van, on organise le voyage… tu sais ce que c’est, faut penser à tout, rien oublier, faire des listes, aller chercher ce qui manque…”
ATTENTION ! À ce moment précis, il faut être attentif : on serait tenté d’envier toute cette folle occupation et ce projet qui rend jaloux, mais NON, il faut être fort et camper sur ses positions (à défaut de camper tout court) et rester inactif à tout prix. C’est indispensable pour pouvoir retrouver, plus tard, une vie remplie de projets satisfaisants.
🖼️ Bienheureuse jachère
Le Robert (oui, j’ai changé de dictionnaire pour ne pas faire de jaloux) nous dit que la jachère est “l’état d'une terre labourable qu'on laisse temporairement reposer en ne lui faisant pas porter de récolte”.
Et pourquoi donc la sagesse paysanne a-t-elle mis ça en place ?!
Justement pour permettre à ladite terre de pouvoir toujours donner de belles récoltes après s’être reposée plutôt que de mourir d’épuisement et ne plus jamais rien donner.
Nous c’est pareil. Bien sûr que nous sommes des terres brûlées qui donneront plus de blé qu’un meilleur avril, mais pas tout de suite. D’abord, laissons la jachère agir, comme on en a le droit, pour nous régénérer.
J’ajouterais même que la jachère, c’est également la meilleure technique, quand on bloque sur quelque chose pendant un apprentissage. Je l’ai expérimenté plusieurs fois en musique par exemple : on bosse comme un acharné sur un morceau et il y a ce passage technique qui ne veut pas passer… C’est frustrant au possible, on lâche rien, on bosse, on bosse, on bosse… mais rien à faire : le passage ne cède pas. Le mieux à faire, après avoir tout tenté, c’est de mettre le morceau en jachère (voire carrément de ne plus jouer du tout pendant un moment) et quelques semaines plus tard, on y retourne et hop, la magie de la jachère a opéré : on passe le morceau entier comme si ça avait toujours été facile. Merveilleuse sensation !
🥳 Vive le grand vide !
Pour résumer : on ne devrait pas attendre d’être submergé par la vie pour embrasser la vacuité. Si on veut rester alerte, avec l’esprit vif et l’énergie au top pour mener ses projets à bien, le mieux serait de pouvoir chérir son silence intérieur dès que possible. Lui ménager des moments rien qu’à lui.
On sait néanmoins que ce n’est pas facile de prendre du temps pour soi, alors qu’on a envie de faire un million de trucs à la minute. Ce serait comme une perte de temps (argh !).
Alors qu’importe quand se présente le moment, qu’il soit choisi ou subi, on fait comme on peut, et c’est très bien. Mais quand le grand vide arrive, on le regarde, on lui sourit et on accepte de ne rien faire pendant un petit moment, pour se ressourcer, parce que c’est nécessaire.
J’en ai pas l’air, mais c’est précisément ce que je fais là tout de suite. Si, si, j’vous jure.
Aujourd’hui j’ai passé zéro minute à réfléchir à l’avenir de mon entreprise, zéro minute à me demander quel plan je pourrais mettre en action, zéro minute à travailler, zéro minute à culpabiliser de ne rien faire aussi !
Et mieux : j’ai laissé mon moi profond en mode automatique pour vous écrire ce qu’il avait envie de vous dire, même si j’avais personnellement une autre idée badass de sujet pour cette newsletter, mais ça sera pour la prochaine fois fois, hihi !
🎧 Aujourd’hui, on écoute : “Ain’t no sunshine” par Betty Wright
Comme j’ai parfaitement embrassé ma vacuité dès le réveil, j’ai lancé Deezer en mode automatique et il m’a fait découvrir Betty Wright.
J’ai accroché tout de suite et j’ai lancé ses albums par ordre chronologique de sortie, comme je le fais à chaque fois que j’ai envie de découvrir un artiste qui me tape dans l’oreille.
Sur son 2è album, il y a une version de “Ain’t no sunshine” de Bill Withers qui est vraiment canon, alors je partage !
Merci Vacuité de m’avoir fait découvrir une aussi chouette chanteuse !
🚀 Songs Discovery, épisodes 13 à 18
Bref résumé pour ceux qui auraient loupé les premiers épisodes : sur Instagram, les lundis à 14h en story (et dans la soirée en post sur mon profil) je présente un lettrage que j’ai dessiné sur un extrait de chanson pour vous faire découvrir ladite chanson qui se retrouve sur une playlist YouTube et une playlist Deezer qui s’étoffent donc de semaine en semaine et que je vous invite à aller écouter pour danser et groover comme jamais (il y a maintenant plus d’1 heure de musique !).
Episode 13 : “Last Train to London” de Electric Light Orchestra, une chanson qui m’a carrément sauvé la vie un soir de désespoir à l’hôpital. Déjà, il faut savoir que j’adore ELO. J’étais donc dans cet hôpital, au bout de ma vie littéralement ou presque, et je n’avais pour m’occuper qu’un poste radio. En pleine nuit, alors que je trouvais pas le sommeil et que j’étais vraiment au fond du trou moralement, j’ai allumé la radio, mis mon casque sur mes oreilles et cette chanson a démarré. Pour comprendre l’électricité qui m’a parcourue, il faut que vous l’écoutiez aussi ! J’ai fermé les yeux et je me suis sentie flotter au-dessus de mon lit pendant toute la chanson. En quelques minutes, j’avais retrouvé l’envie et la joie. Une chanson magique, quoi. Une incantation !
Episode 14 : “Rhiannon” de Fleetwood Mac. Une de mes chansons préférées, écrite par Stevie Nicks. Y a rien à dire à part que c’est du bon rock ! L’excellente version de l’album “The Dance” (dont je vous ai déjà parlé) est un incontournable pour moi !
Episode 15 : “As Secretarias” de Elis Regina, dont je vous ai déjà longuement parlé ici aussi ! À force vous allez connaître tous mes albums phares, hihi ! Cette chanson est un cha-cha à la gloire des secrétaires et des dactylos. Plus vintage et sucré, c’est pas possible. Du sourire à écouter et à danser !
Episode 16 : “Love-a-love-a-love-a-love-a-love” de Labi Siffre. D’avoir dessiné cette chanson m’a lancée dans une crise monomaniaque absolue autour du travail de Labi Siffre. Un génie injustement méconnu, mais je vous en parlerai forcément bientôt donc je n’en dis pas plus.
Episode 17 : “And When I Die” de Blood, Sweat and Tears. Encore un groupe qui compte beaucoup, beaucoup pour moi. Surtout l’album live de leur passage à Woodstock que je vous recommande chaudement, sur lequel vous entendrez la meilleure version de cette incroyable chanson.
Episode 18 : “The Love I Lost” de Harold Melvin & the Blue Notes, une chanson hyper sucrée sur un amour perdu et pourtant, c’est doux et ça fait du bien partout. Disco-Soul feeling.
🧑🎨 Créons, jouons !
D’habitude, pour finir, on se quitte sur une idée créative à explorer… mais aujourd’hui, on parle de ne rien faire et d’embrasser sa vacuité. Alors je te propose ceci :
***
⏰ Programme ton alarme dans 5 mn ou 1 heure ou plus selon le temps que tu peux prendre avant ta prochaine obligation VRAIMENT obligatoire,
☁️ repose ton téléphone et ne fais rien, profite de l’instant pour ce qu’il est. Laisse tes idées passer sans les retenir. Profite de l’instant, regarde les nuages par exemple, respire.
***
Je te souhaite la plus belle des pauses avec toi-même et ta vacuité !
Merci de m’avoir lue !
Je me réjouis de vous retrouver bientôt, ici ou là, pour de nouvelles aventures créatives !
N’hésitez pas à me répondre : c’est chouette les correspondances, ça sent les vacances 😊🍹
Céline ⭐
*Le Sérif (ou empattement) est une ligne ajoutée à chaque extrémité des caractères. Son origine est inconnue. Une théorie suggère que les empattements proviendraient de la trace laissée par l’outil (plume, pinceau, etc.) lorsque la main s’élève en achevant le geste d’écriture. Les copistes ont ensuite différencié leur style personnel en structurant ces marques, qui sont devenues plus petites, plus systématiques et artistiques. (définition donnée par Adobe dans “La typographie pour les débutants”). En gros, le serif, c’est ce qui donne toute la personnalité à une lettre, quoi !
L'art de ne rien faire sous ta plume alerte a la saveur d'un loukoum 🤩, j'y retourne 🤗. Merci 😙
Alors que je jachèrais, j'ai été submergé d'idées.
Apprendre le portugais, réécouter Bill Withers ou Ellis Regina.
Fleetwoodmac reste pour moi une madeleine de Proust.
Que faire, parcourir les légendes sur la voie du tao ou bien tranquillement disserter de la sucrosité d'une caïpirinha.
Agir ou non agir.
Je me sens l'âme d'un aventurier et je vais interroger le yiking concernant l'avenir des projets en cours.
Accepte le témoignage de mon amitié.
Bises