✨ Le pouvoir des histoires ✨
Ou comment le merveilleux peut tourner au cauchemar et vice versa !
Salut mes p’tit Sérifs* !
Vous lisez le numéro 5 des Groovy Letters (+ déjà 3 numéros bonus envoyés aux abonnés payants qui ont en plus reçu des cartes postales et des surprises dans leurs véritables boîtes aux lettres !) et je suis vraiment heureuse de pouvoir m’adresser à vous !
Ici on parle de lettrage, de créativité, de bon son et de joie, alors c’est parti !
La nuit vient de tomber alors qu’il est 10h55 en ce matin qui avait pourtant commencé sous un soleil encourageant. De ces réveils ensoleillés qui te disent “Oui, c’est dur de se lever, mais regarde comme le monde s’offre à toi ! Va et vis ! Quitte ton cocon, petit papillon !”.
Visiblement, le soleil a soudainement abandonné toute velléité d’espoir heureux. La pluie tombe à 45 degrés et l’orage gronde. J’ai allumé une petite lampe près de moi, mais sa lumière est régulièrement éclipsée par les éclairs qui donnent des airs de concert de Jean Michel Jarre à mon salon.
J’ai jamais été branchée par les sons et lumières, mais je reconnais que cette atmosphère d’orage apocalyptique me ramène à des tas de souvenirs effrayés mais heureux.
Le premier qui me vient, c’est celui de Bastien dans l’Histoire Sans Fin, caché dans le grenier de son école en train de lire le livre dont l’histoire se déroule sous nos yeux. L’orage gronde dans le monde réel pendant que le Néant dévore Fantasia, le monde imaginaire du livre. Mais est-il réellement imaginaire ?
Combien de fois dans nos vies se dit-on “C’est tellement dingue que si je le racontais, personne ne pourrait le croire !” d’un évènement dont on est témoin ou qu’on vient de vivre ?
La réalité est bien plus folle que la fiction, c’est un fait.
Quand on écrit des histoires, parfois on se modère parce que “ça ne paraît pas crédible” alors qu’on invente rien.
Les histoires, celles vécues, celles imaginées, une fois qu’on les raconte ou qu’on les écoute ont quoi qu’il arrive un pouvoir hypnotique : elles nous emmènent quelque part.
🤔 Pourquoi est-ce qu’on aime tant les histoires ?
Sans aucune prétention scientifique, ni même la moindre envie de faire une recherche pour vous apporter une réponse cohérente et sourcée, je vais lâcher une évidence : on aime les histoires, à mon sens, pour 3 raisons principales :
1 - C’est un retour à l’enfance délicieux : qu’on ait eu la chance qu’on nous en raconte ou qu’on ait souffert de la solitude et qu’on ait eu besoin de s’en raconter tout seul, c’était le meilleur moment de la journée.
2 - Le cerveau humain aime les choses résolues : et pour ça, les histoires c’est fantastique. Il y a une exposition, une problématique et une résolution. Satisfaction maximale garantie.
3 - On adore qu’on nous parle de nous : si on peut s’identifier au protagoniste principal ou le détester (ce qui revient au même, finalement), c’est parfait !
Et puis, il y a une raison bonus, ma préférée : les histoires nous permettent de vivre dans notre imaginaire ou dans ceux des autres. De s’évader dans des mondes qui ne semblent pas nous être accessibles. Précisément comme dans l’Histoire Sans Fin (d’ailleurs, si vous n’avez jamais lu le livre de Michael Ende, je vous le conseille ardemment, il est encore meilleur que le film qui était pourtant déjà excellent).
Un petit garçon souffre, il vient de perdre sa Maman et en plus de ça, il est harcelé par les caïds de son école. Il pique un bouquin qui semble précieux au libraire de son quartier et il se planque dans le grenier du collège pour le lire. Commence une aventure incroyable dans laquelle il est beaucoup plus impliqué qu’il ne le croit. Qui existe le premier : l’histoire ou lui ? Qui est indispensable à l’autre ? L’histoire ou lui ? Qui écrit l’histoire ? Qui écrit notre histoire ?
Je fais partie de ceux qui, étant enfants, ne faisaient pas du tout la différence entre la réalité et la fiction. Mon premier Grand Amour a été un personnage de dessin animé et quand j’ai réalisé que c’était donc un amour impossible, j’ai pleuré pendant plusieurs semaines.
Oui, voilà, mon premier chagrin d’amour, c’était Télémaque d’Ulysse 31.
Le pauvre n’y était pour rien, mais il aurait pu s’arranger pour être réel, quand même ! Zut !
Mais pourtant, Casimir et Kermit, ils étaient réels eux, non ? NON ?
Quel monde pourri.
J’ai donc décidé en toute conscience que certes, ces personnages n’existaient pas officiellement, mais qu’il était de mon devoir de faire partie des gens qui continuent de les faire vivre. Eux et tous les autres personnages magiques qui n’étaient pas encore au monde, d’ailleurs.
En fait, c’était tout l’inverse d’une malédiction : c’était encore mieux que ce que j’imaginais. Derrière tous ces personnages merveilleux qui m’emmenaient vivre des histoires plus belles que la vie, il y avait des gens. Des vrais gens ! Comme moi ! Et ils se faisaient un devoir de nous prendre par la main pour nous faire rêver, pour nous faire croire à nos rêves et même pour les rendre réels.
Alors hop, j’ai signé, direct : c’est ça que je veux faire pour toute la vie.
Commença alors la prise de conscience du pouvoir des histoires et de la responsabilité immense qu’on a quand on en raconte une.
🧯 Storytelling, enfer et damnation
Je pense que le monde est divisé en deux catégories :
ceux qui ont une conscience
ceux qui sont sans foi ni loi
Et c’est là où ça se gâte sérieusement puisque malheureusement, il n’y a pas que les gentils idéalistes humanistes qui ont découvert comment raconter des histoires dans lesquelles on a envie de se perdre. C’eut été trop beau.
On a donc théorisé le “storytelling” qui au départ était une charmante petite technique marketing qui consistait à s’approcher des personnes de qui le vendeur voulait se faire entendre en jouant un petit peu avec ses émotions, en l’aidant à s’identifier.
Tout le monde s’est mis soudainement à raconter des histoires. Un peu comme si à la place d’avoir un conteur sur la place du village, on avait soudain le fromager, le fermier, la boulangère et la garagiste qui se mettaient à raconter des histoires plus fort que le conteur pour être bien sûrs qu’on les écoute, eux, et qu’on vienne dépenser ses sous au bon endroit. Ca devenait déjà un poil bizarre cette affaire…
Mais ça a pris une tournure complètement nauséabonde quand le maire du village s’est aperçu que ça marchait drôlement bien ces fantaisies de saltimbanque !
Finalement, tout le monde s’est mis à raconter des histoires, sans plus du tout se soucier du fond ou de la véracité du message ou même de l’élan qui les motivait. Non, tout ce qui comptait à présent, c’était d’être celui qui serait le plus diffusé et donc le plus cru.
Bah oui, parce que les spectateurs eux n’ont pas changé. Tout le monde aime une histoire simple à suivre, avec des belles émotions et une résolution à la fin.
Un mensonge répété un million de fois finit par faire une vérité. Stupeur et enfer.
C’est comme ça je crois que le truc a tourné au cauchemar et que les raconteurs d’histoires, les vrais, ceux qui ont foi en leur message et qui espèrent donner les clés de la compréhension, qui ouvrent les portes de la réflexion au lieu de livrer des solutions toutes prêtes, qui jouent avec les émotions respectueusement pour amener à plus d’esprit critique, ont de plus en plus de mal à faire leur travail puisque toute la place est prise par des charlatans égoïstes qui jouent avec des grenades dégoupillées en ne pensant qu’à leur profit.
🦄 Rendons le pouvoir aux Licornes
S’il y a bien une chose dont je suis convaincue, c’est que tant qu’on est en vie, il ne faut rien lâcher, surtout quand les choses paraissent perdues d’avance !
La probabilité de notre existence, en tant qu’individu, est tellement infinitésimale qu’il me semble que c’est une politesse à l’Univers de profiter de notre court passage sur Terre pour propager la joie.
Rien n’est tout noir ou tout blanc, hélas. Ce serait plus simple et donc plus confortable, mais les choses ne sont pas ainsi faites. Tout n’est qu’équilibre. Et donc, tant que les ténèbres seront sur le devant de la scène, il y aura toujours des allumeurs de réverbères pour faire la lumière dans les recoins.
Il me tarde qu’un monde arc-en-ciel soit rêvé par tout le monde, et qu’alors il devienne réel, mais en attendant, le rôle des conteurs est plus que jamais indispensable.
Le merveilleux, c’est une affaire sérieuse ! La rigolade aussi, d’ailleurs ! Ne nous méprenons pas.
Et c’est pourquoi, toute possibilité de miracle reste intacte, si on travaille dur, évidemment, à tenir haut l’étendard de l’imaginaire, des différences heureuses et de la rigolade !
🎥 Si le sujet vous intéresse, je vous conseille le documentaire :
“Jim Henson : l’homme aux mille idées” ou “Jim Henson : idea man” en VO (sur Disney +).
Hormis le fait que ça parle de mon idole absolue en terme de créativité, ça raconte aussi les difficultés à diffuser des histoires formidables (même quand on est Jim Henson !) et de l’envie de tout un tas de gens de maintenir cet univers coûte que coûte !
✨ On est plus nombreux qu’on le croit ✨
Enfin, j’ajouterais ceci : les façons de raconter des histoires sont infinies.
On peut raconter des histoires :
en dessinant dans son carnet
en écrivant une phrase sur un mur
en envoyant un mail à quelqu’un
en parlant d’un sujet qui nous passionne
en rencontrant nos amis et en refaisant le monde
en jouant avec un enfant
en souriant à quelqu’un…
On est tous des raconteurs d’histoires à notre manière et, personnellement, j’adore le lettrage parce que pour moi c’est un moyen formidable d’en raconter puisqu’il contient en lui à la fois le message et le ton sur lequel il doit être lu !
🎧 Aujourd’hui, on écoute : “I believe in miracles” de Mark Capanni
Cette chanson fait partie de mon Top Ten des chansons préférées toutes catégories confondues et elle est elle-même un petit miracle.
Son auteur-compositeur a enregistré cette maquette pour la proposer à d’autres artistes et il s’avère qu’elle est finalement sortie en l’état. Et pour moi, elle est parfaite. Il existe des reprises, mais aucune qui n’arrive à la cheville de celle-ci.
Parfois, la magie opère du premier coup. Pourquoi, comment ? Aucune importance, c’est toujours cette affaire de probabilité infinitésimale : il n’y a pas de diamant partout, mais quand ils surgissent, on est ébloui.
C’est une de mes chansons-doudous : quand j’ai une baisse de moral, je l’écoute et tout repart au taquet ! Tout est possible, même le meilleur ! Ouiiii !
🚀 Songs Discovery, épisodes 9 à 12
Bref résumé pour ceux qui auraient loupé les premiers épisodes : sur Instagram, les lundis à 14h en story (et dans la soirée en post sur mon profil) je présente un lettrage que j’ai dessiné sur un extrait de chanson pour vous faire découvrir ladite chanson qui se retrouve sur une playlist YouTube qui s’étoffe donc de semaine en semaine et que je vous invite à aller écouter pour danser et groover comme jamais.
Episode 9 : “Keep on Keeping on” de Curtis Mayfield, un de mes musiciens favoris au monde ! Cette chanson nous raconte qu’on ne doit jamais rien lâcher, surtout quand c’est dur (étonnant que j’ai choisi cette chanson, non, haha !).
Episode 10 : “Warning” de Cookin’ on 3 Burners feat. Kaiit, une chanson même pas vintage pour une fois, puisqu’elle date de 2018. Il faut toujours lire les petites lignes et les astérisques, toujours !
Episode 11 : “Love Song” par Elton John featuring Lesley Duncan. Une des plus belles chansons d’Elton John et pourtant elle n’a pas été écrite par Bernie Taupin, ni composée par Elton John ! C’est une chanson de Lesley Duncan, une musicienne anglaise qui a eu une grande influence sur des musiciens de légende (par exemple, c’est elle qui a fait découvrir Brel à Bowie !) mais dont la carrière est restée confidentielle. Elle a la grace de jouer et de chanter ici avec Elton et c’est sublime.
Episode 12 : “C’mon Children” de Earth Wind & Fire, une chanson de leur tout premier album, injustement méconnu mais que j’adore et que je vous conseille donc passionnément. J’ai illustré cette chanson pour son message qui est l’exact reflet de ma pensée à cet instant précis.
Créons, jouons !
Et pour finir, on ne se quitte pas sans une idée créative à explorer :
***
📻 Les histoires qui nous ont fait frissonner en premier, ce sont les contes de fée, alors choisis un personnage de conte, mets-le dans la situation la plus improbable que tu aies vécue
🖼️ et fais-en un dessin ! (tu peux aussi écrire une histoire, faire une photo… toutes les formes de créativité sont les bienvenues)
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N’hésite pas à m’envoyer le résultat de ton exploration !
Merci de m’avoir lue !
Je me réjouis de vous retrouver bientôt, ici ou là, pour de nouvelles aventures créatives !
N’hésitez pas à me répondre : c’est chouette les correspondances, ça sent les vacances 😊🍹
Céline ⭐
*Le Sérif (ou empattement) est une ligne ajoutée à chaque extrémité des caractères. Son origine est inconnue. Une théorie suggère que les empattements proviendraient de la trace laissée par l’outil (plume, pinceau, etc.) lorsque la main s’élève en achevant le geste d’écriture. Les copistes ont ensuite différencié leur style personnel en structurant ces marques, qui sont devenues plus petites, plus systématiques et artistiques. (définition donnée par Adobe dans “La typographie pour les débutants”). En gros, le serif, c’est ce qui donne toute la personnalité à une lettre, quoi !
Haha je note l’idée d’exercice, ça peut être très cool à tenter ! Merci pour ce post super intéressant ⭐️
Toujours aussi cool 😍